La Confédération Suisse a annoncé le 17 janvier dernier les financements octroyés dans le cadre du Projet d’Agglomération 3. La zone frontalière de l’Ain se voit pénalisée dans sa volonté de développement d’infrastructures transfrontalières.
La prolongation du Tram passant par Prévessin-Moëns pour arriver à Saint-Genis-Pouilly est un emblème de l’évolution indispensable des transports en commun. Or ce projet n’est pas fléché pour obtenir les crédits de la Confédération à ce stade. Ceci est à mon sens un indicateur. C'est aux porteurs du projet, Canton de Genève et Département de l'Ain, d'argumenter sur la nécessité du tram. Ils restent mes premiers interlocuteurs. J'accepterai difficilement qu'ils se retranchent derrière la Confédération pour se désengager de cet équipement structurant.
Pour rappeler le contexte, le Pays de Gex compte aujourd’hui une population de 100'000 habitants. Et la prospective est à plus de 120'000 habitants à l’horizon 2030. Plus de 50% de la population active travaille en Suisse. Et c’est sans compter le transit des travailleurs du Pays Bellegardien. Chacun a pu noter l’encombrement routier qui s’aggrave de Porte de France à Saint-Genis-Pouilly, jusqu’au nouvel écoquartier des Vergers à Meyrin. Les stationnements et les piétons le long des voies non sécurisées entre la douane et le rond-point de l’Europe sont autant de signaux d’alerte. Cette situation ne va plus être tenable. Et c’est tout le Pays de Gex qui en souffrira, le sud en premier.
A ce titre, j’avais convié les élus gessiens et les représentants des collectivités, à une réunion de concertation. Je déplore que certaines pressions, issues de ces instances, ont réussi à faire annuler cette première réunion. Elle avait simplement pour vocation de mettre tout le monde autour de la table. Elle n'est cependant que reportée.
Pour information, Berne fournira les justifications de ce premier arbitrage de crédit ce lundi 29 janvier. Les conclusions de la confédération se basent sur une évaluation stricte en trois étapes. Elles sont détaillées dans le rapport explicatif relatif à l’arrêté fédéral sur les crédits d’engagement (p12) :
Examen des exigences de base.
La Confédération vérifie l’existence d’un porteur de projet bien défini et une planification élargie intégrant tous les acteurs.
2. Examen du classement des mesures par ordre de priorité.
La Confédération tient compte de la maturité et du rapport coût/utilité des mesures.
3. Examen des effets des projets.
L’effet global du projet est évalué.
J’attends donc avec impatience ce rendu.
Ensuite, notre réunion interviendra. Ce sera juste avant la Réunion du GLCT le 6 février. Nos représentants au GLCT sont au nombre de 4 sur le Pays de Gex :
Etienne Blanc, 1er VP à la Région ;
Gérard Paoli, VP délégué à l'économie, aux affaires transfrontalières, européennes et internationales du département de l’Ain ;
Daniel Raphoz, VP au département de l’Ain
Christophe Bouvier, Président de la CCPG .
Ils auront à porter les conclusions de cette réunion. J’attends de leur part une prise de conscience de cette problématique de notre bassin de vie et d’emplois. Il s’agit ici du quotidien. Ce quotidien rythmé par la frontière fait partie de la vie de chacun. La volonté et la détermination d’offrir des transports à la hauteur des évolutions de notre territoire doit être leur priorité. J'y serai attentive au nom des habitants du Pays de Gex. Les enjeux de mobilité du XXIe siècle sont bel et bien une réalité ici.
Je salue d'ores et déjà la mobilisation des élus Gessiens. Hier soir en conseil communautaire, ils se sont positionnés unanimement en faveur de la réalisation du tram. Une motion, proposée par le Maire de St Genis Pouilly, Hubert Bertrand, et soutenue par le Président de la CCPG, Christophe Bouvier, a été votée. Le Conseil communautaire a, je cite, "Affirm[é] sa mobilisation ferme en faveur de la réalisation du Tram Meyrin/CERN/Saint-Genis, équipement indispensable à la qualité de vie et à l’environnement du Pays de Gex et du Grand Genève". Le président du Pôle Métropolitain a pour sa part, hier, montré des signes tangibles de soutien.
Il reste néanmoins nécessaire d'avoir les collectivités partenaires à nos côtés. Le Département de l'Ain et la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne peuvent être aux abonnés absents. Le Président de Région, Laurent Wauquiez, n'avait pas manqué d'user de grandes déclarations lors de ses venues. Nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir des décideurs qui sont dans l’affichage. Ils doivent être à l'écoute des citoyens et de leur représentants élus locaux. Nous avons besoin d’engagements et de résultats concrets. Il en va de même pour le Président du département qui doit au plus vite lancer les études prévues.
Je ne ferai pas de la Confédération le coupable idéal. La responsabilité est collective mais ce n’est pas une fatalité. En travaillant ensemble, en dépassant nos clivages et nos frontières, nous pouvons faire aboutir ce projet rapidement. J’ai vu comment nous avons réussi à transformer les usages en France. Je sais que nous arriveront à le faire dans le bassin genevois.